Proposition de loi instituant une médiation préalable en cas de séparation parentale

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Parrainage du Ministère de la Justice
Le ministère de la justice dans la précipitation des lobbys d'une médiation pour obéir ?

La médiation préalable à toute action en justice en cas de séparation est une nouvelle fois à l’honneur. C’est déjà le cas dans plusieurs tribunaux de test, tels que le TGI de Tarascon, de Bordeaux ou de Toulouse.

Cette nouvelle proposition de loi enregistrée le 22 décembre 2011 met en évidence que « les effets psychologiques de la mésentente parentale sont dévastateurs pour l’enfant », je rajouterai que c’est le cas aussi pour les parents. L’affect ou la constante émotionnelle étant très forts dans les séparations, il devient évident que toute possibilité de résolution de conflit peut être tentée.

L’article 255 du code civil prévoit cette médiation, mais reste facultative :

« le juge peut notamment :

  1. Proposer aux époux une mesure de médiation et, après avoir recueilli leur accord, désigner un médiateur familial pour y procéder ;
  2. Enjoindre aux époux de rencontrer un médiateur familial qui les informera sur l’objet et le déroulement de la médiation » ;

Là où le bas blesse c’est que cette proposition prévoit une séance d’information obligatoire animée par un médiateur familial, or les taux de réussite des médiateurs titulaires du DEMF sont impactés par leur formation et surtout par ce mode de fonctionnement. Organiser une réunion avec les deux parents alors même qu’ils ont du mal à se retrouver dans la même pièce tant le conflit peut être important, demeure une hérésie.

La médiation professionnelle prévoit des entretiens séparés afin de préparer les participants à la médiation. Il serait donc opportun de mettre en place non pas une réunion d’information mais un entretien individuel préalable à la médiation. Si, à la suite de ces entretiens les parents ne souhaitent pas aller en médiation, ils peuvent légitimement se retourner vers le juge qui traitera leur dossier en sachant que la médiation a été tentée.

Une loi a déjà été promulguée en décembre sur ce sujet, elle prévoit une expérimentation pendant 3 ans d’une médiation préalable obligatoire. Celle-ci ne prévoit pas les modalités de mise en œuvre de cette médiation, la proposition de loi ci-dessus viendrait donc les préciser.

 JORF n°0289 du 14 décembre 2011 page 21105 texte n° 1

LOI n° 2011-1862 du 13 décembre 2011 relative à la répartition des contentieux et à l’allègement de certaines procédures juridictionnelles (1) LOI n° 2011-1862 du 13 décembre 2011 relative à la répartition des contentieux et à l’allègement de certaines procédures juridictionnelles (1)

 NOR: JUSX1002218L

L’ article  15 de cette loi sont clairs :

A titre expérimental et jusqu’au 31 décembre de la troisième année suivant celle de la promulgation de la présente loi, dans les tribunaux de grande instance désignés par un arrêté du garde des sceaux, les dispositions suivantes sont applicables, par dérogation à l’article 373-2-13 du code civil.
Les décisions fixant les modalités de l’exercice de l’autorité parentale ou la contribution à l’entretien et à l’éducation de l’enfant ainsi que les dispositions contenues dans la convention homologuée peuvent être modifiées ou complétées à tout moment par le juge, à la demande du ou des parents ou du ministère public, qui peut lui-même être saisi par un tiers, parent ou non.
Toutefois, à peine d’irrecevabilité que le juge peut soulever d’office, la saisine du juge par le ou les parents doit être précédée d’une tentative de médiation familiale, sauf :
1° Si la demande émane conjointement des deux parents afin de solliciter l’homologation d’une convention selon les modalités fixées à l’article 373-2-7 du code civil ;
2° Si l’absence de recours à la médiation est justifiée par un motif légitime ;
3° Si cette tentative de médiation préalable risque, compte tenu des délais dans lesquels elle est susceptible d’intervenir, de porter atteinte au droit des intéressés d’avoir accès au juge dans un délai raisonnable.
Six mois au moins avant le terme de l’expérimentation, le Gouvernement adresse au Parlement un rapport procédant à son évaluation en vue de décider de sa généralisation, de son adaptation ou de son abandon.

Les médiateurs professionnels et la Chambre Professionnelle de la Médiation et de la Négociation restent vigilants et impliqués quant aux modalités pratiques de cette médiation préalable. Il est regrettable que le médiateur prévu par les textes n’ait pas l’obligation d’être impartial (vis à vis des participants), neutre (quant à la solution adoptée), indépendant (de tout pouvoir, institution, etc). Quant à la confidentialité des débats, elle semble très fortement discutable compte tenu des textes. Mais pour les médiateurs professionnelles, les choses sont claires : indépendance, neutralité, impartialité ne sont pas plus discutables que la garantie de confidentialité.

Les médiateurs professionnels ont prouvé leurs compétences par la validation des cours suivis par l’Ecole Professionnelle de la Médiation et de la Négociation (seule école de médiation certifiée ISO 9001:V2008) de plus, les médiateurs professionnels ont fait l’engagement de respecter le CODEOME (Code d’Ethique et de Déontologie des Médiateurs), ce qui en fait des professionnels éthiques.

10 Commentaires

  1. Bonsoir,
    C’est encore très souvent lorsqu’un parent découvre que l’enfant ne circule pas ou plus entre les deux familles, parfois même quelques années après la rupture du couple, qu’apparaît la demande d’une médiation familiale et, souvent dans le même temps, la nécessité  d’une requête au juge.

    Pourquoi le texte de l’article 15 n’a-t-il pas prévu ce qui existe réellement sans créer l’opposition entre recours au médiateur, tentative de médiation, et recours au juge ?

  2. Merci Mme Froger pour cette précision concernant votre nom.

    Lorsque j’écris   »c’est comme mettre un chat et un chien dans une même pièce » il ne vous a pas échappé que je parlais d’un couple qui n’était pas dans une logique d’apaisement, ce n’est pas un point de vue mais 5 ans d’observation au sein d’une association de parents séparés et au cours de mes médiations, je ne devrais pas généraliser vous avez raison, je ne fais part que de mes observations.

     « c’est un point que je souhaite éclaircir, il ya les mediations (sociales, scolaires, culturelles, professionnelles je l’apprends), et LA médiation famiuliale »

    Je vous remercie d’aborder ce point central. Il y a effectivement des « médiations » dans beaucoup de secteur nombreuses sont celles qui ressemblent plus à un service client qu’à de la médiation, on y apprend que les conflits sont abordés en droit et/ou en psychologie, des médiations culturelles où le médiateur n’est qu’un facilitateur d’accès à la culture etc.

    Vous semblez mettre à part la médiation familiale, par votre formation vous avez appris que la méthode était particulière et valable pour le domaine familial, je vous le concède.
    Une des différences qui nous permet d’avoir un contradictoire est bien celle-ci.
    La médiation professionnelle est un processus structuré transversal qui permet d’accompagner tous les conflits, dont les conflits familiaux.

    Il y a plusieurs approches de la médiation et, d’après ce que j’en sais (je vous invite à corriger mes connaissance en la matière) le DEMF envisage la médiation par le biais psycho-juridique.

    La médiation professionnelle nous apprend ce qu’est un conflit (valable dans tous les conflits, quelque soit la nature) et comment en altérité, nous pouvons accompagner les participants vers la résolution de leur conflit grâce à ce processus structuré transversal.

    Les médiateurs professionnels sont compétents sur tout conflit car leurs compétences transversales le leur permettent. 

    L’EPMN a mis en place des formations qui permettent d’envisager l’humain comme système et d’agir sur ce système afin de lui donner les clés de l’autonomie (c’est ce que l’on appelle la sortie de la caverne, se référant à l’allégorie de la caverne de Platon).

    Je remarque avec plaisir que nous sommes d’accord, et je reprendrai votre phrase plutôt que de paraphraser ce que vous avez mieux dit que moi :  
    « il me semble que rendre à chacun ses capacités d’analyse et de compréhension contribue à rendre la société meilleure » en y apportant une petite correction, si cela peut contribuer à rendre la société meilleure cela permet de re-responsabiliser les personnes et leur donner les capacités de faire des choix éclairés, quels que soient les choix, bon ou mauvais pour l’un mais pas forcément pour l’autre.

    Nous oeuvrons pour remettre l’humain au coeur de la société et je vous remercie de vos contributions éclairées en ce sens.

    Cordialement. 

     

  3. mon nom est bien Froger, je n’avance pas masquée.

    effectivement il est bon d’apporter des écalairages, et des points de vue , différents, donc enrichissants.
    lorsque vous écrivez »c’est comme mettre un chat et un chien dans une même pièce »il me semble que c’est un point de vue, voire un jugement personnel et non une vérité; c’est la façon dont vous percevez la médiation Familiale;
    car c’est un point que je souhaite éclaircir, il ya les mediations (sociales, scolaires, culturelles, professionnelles je l’apprends), et LA médiation famiuliale;
    c’est en ce sens que je souhaitais souligner, que certes le Diplôme d’Etat peut varier d’un Etat à un autre, mais il vient valider des connaissances une démarche et une pratique, et garantir un cadre de compétences que le terme de « médiateur » n’assure pas. Ce qui n’est pas disqualifiant, mais lorsqu’on parle de médiateur, en dehors des médiateurs familiaux, cela recouvre énormément de réalités et de compétences différentes (du simple animateur en mairie, à une personne qualifiée en matière artistique.)
    nous nous devons d’être précis si nous souhaitons rendre chacun plus éclairé dans son point de vue.
    Or, il me semble que rendre à chacun ses capacités d’anlyse et de compréhension contribue à rendre la société meilleure.

  4. Bonjour FROGER ou quelque soit votre nom.

     «  les taux de réussite des médiateurs titulaires du DEMF sont impactés par leur formation et surtout par ce mode de fonctionnement. » 

    j’explicite : recevoir les participants dès le début de la médiation (en phase de médiation) ensemble c’est comme mettre un chien et un chat dans la même pièce.
    Ce mode de fonctionnement marche pour des couples qui sont déjà dans une dynamique de résolution de conflit mais pour ceux qui sont encore pris dans leur conflit c’est contre-productif. 

    Or cette loi va imposer la médiation préalable, pour que la médiation soit efficace il faudra que les pratiques changent pour un processus structuré de résolution des conflits tel que le prévoit la directive européenne. 

     les médiateurs familiaux sont eux les seuls à être Diplômés d’Etat, et garants d’une éthique et d’un code de déontologie 

    Les titulaires du DEMF sont les seuls à avoir un diplôme d’état, c’est vrai. Un diplôme d’état sous entend que selon les états les contenus de la formation peuvent changer, ce qui rend obscur la médiation.

    garant de l’éthique et de la déontologie les médiateurs familiaux…
    je n’ai jamais dit le contraire, par contre ce ne sont pas les seuls, le CODEOME mis en place par la Chambre Professionnelle de la Médiation et de la Négociation est une exclusivité des médiateurs professionnels tant par la portée du texte que par ses exigences (à consulter sur http://wikimediation.org l’observatoire international de la médiation)

    C’est donc dans un but de clarification que cet article a été écrit et les précisions que commentaire après commentaire nous apportons  permet à ceux qui font le choix de la médiation de pouvoir faire un choix éclairé en fonction de leurs attentes.
    Nos modes de fonctionnements sont différents, les hommes et femmes qui sont derrière ces titres ne sont ni meilleurs ni pires, nous sommes tous légitimes dans nos pratiques, les pratiques quant à elles doivent être analysées en permanence pour apporter à tous un service de qualité et professionnalisé.

    La médiation fait partie non pas des droits de l’Homme mais des droits de l’Humain.

    Je vous remercie de votre commentaire, vous et d’autres êtes une source d’amélioration et de recherche de qualité au bénéfice des personnes qui font le choix de la médiation .

    Cordialement et au plaisir de rediscuter avec vous. 

  5.  Je ne comprends pas le sens de votre article, notamment lorsque vous interrogez la pratique des mediateurs familiaux:  les taux de réussite des médiateurs titulaires du DEMF sont impactés par leur formation et surtout par ce mode de fonctionnement. pouvez vous préciser votre pensée svp? D’autre part, si les « médiateurs professionnels ont prouvé leurs compétences », les médiateurs familiaux sont eux les seuls à être Diplômés d’Etat, et garants d’une éthique et d’un code de déontologie.A l’heure où les solutions alternatives à des conflits de toutes sortes est à l’honneur, il me semble dangereux diffuser des informations qui peuvent entrainer la confusion dans l’esprit des personnes désireuses de trouver un soutien.

  6. Je vous remercie de votre commentaire qui permet de mieux définir les pratiques de chacun.

    Concernant la neutralité, l’indépendance, l’impartialité et la confidentialité, ces éléments demandent une définition précise.
    La neutralité s’entend vis à vis de la solution adoptée, qu’elle paraisse juste ou non au médiateur.
    L’impartialité s’entend dans la capacité du médiateur à s’extraire de ses penchants naturels pour une partie.
    La confidentialité s’entend des propos tenus lors de la médiation, aucun rapport circonstancié ne peut être produit par le médiateur.
    L’indépendance se définit, elle, dans la capacité du médiateur à agir sans pression de qui que ce soit ni d’aucun organisme, courant de pensée…

    Je connais des médiateurs familiaux éthiques qui respectent ces principes. Je ne vois pas en quoi je remets en question l’éthique des médiateurs, même si par ailleurs je me questionne sur le diplôme en lui-même.

    Vous semblez méconnaître la médiation professionnelle vous parlez de « l’information préalable à la médiation familiale (qui) peut tout à fait être proposée de manière individuelle », à aucun moment je ne parle d’information préalable. C’est bien ce qui diffère de nos pratiques, nous ne parlons pas de réunion d’information préalable ou d’entretien préalable dans ce texte mais bien d’entretiens individuels de médiation avant de pratiquer la réunion qui est l’aboutissement des entretiens.
    Enfin, je souligne l’intérêt de l’enfant, bien évidemment, mais il ne vous est pas passé inaperçu que je mettais en avant à la même hauteur l’intérêt des parents, dans un conflit, tous les acteurs sont victimes.

    Vous m’avez permis grâce à vos critiques constructives d’expliciter nos convergences et nos divergences, ce qui permet à tout un chacun de savoir à quoi il doit s’attendre s’il choisit un médiateur titulaire du DEMF ou un médiateur professionnel, pour cela, merci.

    De nos conversations et de la confrontation des idées naîtront la vérité.
    Cordialement et au plaisir de discuter à nouveau avec vous. 

  7. Je trouve très intéressant que vous soulignez l’intérêt de l’enfant comme bénéfice à la médiation, ainsi que le legislateur le développe depuis plusieurs années. En revanche, je m’étonne de vos afirmations concernant la médiation familiale qu’apparemment vous méconnaissez. Je ne comprends pas comment vous pouvez remettre en cause des éléments constitutifs du code de déontologie de la médiation familiale (neutralité, impartialité, confidentialité, indépendance), ni même que vous puissiez ignorer que l’information préalable à la médiation familiale peut tout à fait être proposée de manière individuelle. Il me semble que pour encourager l’opinion publique à recourir à des modes alternatifs de résolution de conflit, il est préférable de valoriser ce que l’on propose, plutôt que de critiquer ce que l’on connait mal, ce qui entretient la confusion.

  8. Bonsoir. Réaction à chaud: Je m’interroge sur l’opportunité d’institutionnaliser une médiation en cas de séparation. allons plus loin  si le bien-être des enfants est si important: rendons obligatoire pour les couples une formation en communication pour leur permettre d’éviter de construire un modèle relationnel destructeur.

    • Je vous remercie de votre commentaire. S’il est vrai que faire siens les préceptes de la médiation professionnelle dans sa vie prévient l’apparition des conflits je ne pense pas que l’on puisse obliger les couples à suivre une formation en communication.

      On peut espérer et œuvrer pour que la médiation devienne un mode de vie à plus ou moins court terme.

      En attendant, le passage obligé par la médiation lors des séparations a plusieurs avantages.

      Le premier est que dans de nombreux cas le conflit cessera de facto par la définition commune d’un mode de fonctionnement adapté.

      Deuxièmement, pour les couples qui n’arriveraient pas à un accord, le médiateur professionnel grâce au processus structuré permettra d’assécher la constante émotionnelle qui a elle seule brouille les esprits et empêche d’analyser la situation.

      Enfin, vu l’engorgement des tribunaux (au moins 60% des procès concernent la famille), il convient de bien séparer ce qui dépend du droit et ce qui peut être résolu par les parties. Je me dois de rajouter qu’un couple avec enfant qui se sépare dans l’adversité revient en moyenne tous les deux ans devant le juge au sujet des droits de garde et des pensions alimentaires parce qu’il reste dans l’adversité. La médiation professionnelle prône la voie de l’altérité et assure des accords pérennes, avec pour conséquences des économies pour les parents et la société, et surtout une amélioration sensible de la qualité relationnelle et donc de la qualité de vie pour les parents et pour les enfants.

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