Tony Meilhon n’est pas un homme digne de ce nom.

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«Cette complicité n’existe pas, poursuit l’avocate générale, elle n’est que l’incarnation de la lâcheté de Tony Meilhon face à l’indicible.» «Oui, Tony Meilhon est un prédateur dépourvu de scrupules qui devra accomplir un long chemin, douloureux certainement, pour redevenir un homme digne de ce nom

Tels sont les propos de l’avocate générale (1) …

Devant cette diatribe, les questions surgissent, qu’est ce que c’est qu’un homme digne de ce nom. En faisant une recherche sur moteur de recherche on peut trouver parmi d’autres (2):

  •  « Un homme digne de ce nom ne fuit jamais. Fuir, c’est bon pour les robinets. » Boris Vian. 
  • UN HOMME DIGNE DE CE NOM L’HOMME RESPONSABLE DANS SON FOYER ET A L’EGLISE selon l’église Moisson
  • un homme digne de ce nom ne pleure pas!
  • un homme digne de ce nom ne montre pas ses émotions

A la lecture des ces phrases toutes faites et qui ont déjà été imprimées dans nos circuits à force de les avoir entendus, je me dis que l’avocate a raison, Tony Meilhon n’est pas un homme digne de ce nom.

Pourtant, je ne me reconnais dans cette définition de l’homme digne de ce nom :

  • Il m’est arrivé de fuir devant le danger quand celui-ci est hors de contrôle,
  • la définition de la responsabilité n’est pas fournie, je ne sais donc pas quoi y mettre derrière.
  • J’ai déjà pleuré et je pleure encore
  • je montre mes émotions le plus possible pour que mon entourage comprenne mon ressenti

Et malgré ça, je suis un homme et ceux qui me rencontrent me traitent comme tel.

Je poursuis donc mes recherches sur le net et je finis par trouver (2):

  • savoir reconnaître ses erreurs, assumer ses responsabilités (…) voilà ce que c’est un homme ou une femme digne de ce nom

Là encore je reste circonspect. Tout d’abord Tony Meilhon dans le même article reconnait ses faits, et puis je n’assume pas toujours mes responsabilités (je salis les poêles mais je ne les lave pas toujours), et pourtant je suis un homme.

Comment un homme pourrait ne plus être un homme, temporairement, par ses actions ?

Devient on un monstre quand on est monstrueux, devient on la vertu quand on est vertueux.

Il m’est arrivé de commettre des actes qui peuvent être qualifiés de monstrueux, je ne me sens pas un monstre, mais un homme qui a commis des faits monstrueux. Il m’est arrivé d’être un modèle de vertu, je ne me sens pas pour autant la vertu incarnée.

 

Change t’on d’espèce quand on ne satisfait plus aux critères de l’homme digne de ce nom (3).

En suivant ces explications, si je deviens un monstre quand je suis monstrueux, quand je ronge un os, je deviens un chien ? quand je mange du boudin (qui est fait à base de sang) je suis un vampire.

Evidemment non, on reste homme quoi qu’on fasse.

«Ce qu’il s’est passé, ce que j’ai fait, ça n’aurait jamais dû se produire. A aucun moment je ne lui ai souhaité du mal.»  Comme s’il étouffait un sanglot«Je regrette sincèrement ce qu’il s’est passé. Je suis noyé par le remords, même si d’apparence ça ne se voit pas.» Il renifle.

Répond Tony Meilhon (1) à l’avocate générale.

On reste un homme digne de ce nom, quoi qu’on fasse…

………………………….

1. article de libération 

2. recherche google : un homme digne de ce nom

3. recherche google : un homme peut il changer d’espèce

3 Commentaires

  1. La laïcité du système judiciaire s’arrête vite là où se dresse la morale cette voisine de la religion dont s’inspire le droit local.

    Ce que l’on dit de l’homme, on ne le dit pas de la femme, quoique… ça pourrait aussi.

    Il est certain que ce genre de réflexion rejetant l’humanité de l’un ou l’autre de notre espèce ne permet pas de mieux comprendre ce qui se passe.

    L’impuissance avoué de cet individu à se contrôler lui laisserait précisément le bout de conscience qui semblerait caractériser l’humanité si souvent impuissante à bien s’en servir.

  2. Définitions :­­
    Digne de ce nom : qui est à la mesure, qui est conforme à.
    Homme : le concept d’une nature humaine qui serait universelle par delà les différences individuelles et socio-culturelles n’existe pas.
    «Oui, Tony Meilhon est un prédateur dépourvu de scrupules qui devra accomplir un long chemin, douloureux certainement, pour redevenir un homme digne de ce nom.»
    Il me semble qu’il est nécessaire de dissocier mot à mot les propos de l’avocate générale afin de pouvoir y donner un sens et éviter une conclusion radicale.
    En effet, ces propos posent en filigrane la question des limites que l’homme ne pourrait franchir impunément, sans que son statut même d’homme, son appartenance à la race humaine, ne soit remis en question.
    Lorsque l’on affirme qu’un homme n’est plus digne de ce nom, on porte nécessairement un jugement. Or, on ne peut juger que par rapport à une référence, un modèle. Dans le cas présent, cette référence universelle n’existe pas et ce qui est hors limite pour l’un peut ne pas l’être pour l’autre.
    Nombre de coutumes, jugées par définition normales par ceux qui les pratiquent, peuvent être taxées d’inhumaines par ceux qui leur sont étrangers, comme le cannibalisme, les mutilations sexuelles ou les rites d’initiation.
    Ainsi, ne faut-il pas interpréter les propos de l’avocate générale comme le fait que Thierry Meilhon a dépassé les limites imposées par la vision de la nature humaine telles qu’en a notre société occidentale d’aujourd’hui ?
    La question posée ensuite est « est ce que je ne suis plus un homme digne de ce nom » si je fais un acte inhumain ? » Si un animal devient féroce et tue un homme, on ne dira pas qu’il a eu un comportement inhumain. En fait, seul l’être humain peut être inhumain. De la se crée le paradoxe que si l’inhumain vient de l’homme, c’est qu’il participe de l’humain et qu’il doit donc loger dans chaque être humain. Pour citer Platon, l’unique différence entre un homme honnête et un criminel, c’est que le premier se contente de réver ce que l’autre fait en réalité.
    On peut également citer Sartre pour qui l’homme n’étant pas prédéfini et se construisant lui-même, les actes inhumains seraient donc du ressort de l’humain si bien que tous barbares ou cruels qu’ils puissent être, ils ne pourraient être dit inhumains.
    Toutes les philosophies et les religions admettent que l’homme reste un être humain quelque soit son comportement.
    Par contre, la divergence apparaît sur le fait de savoir s’il reste respectable ou pas.
    Il faut donc distinguer dans le respect lui-même une généralité abstraite qui est un devoir majeur : le respect de l’humanité en la personne et le respect particulier concret qui est un sentiment que nous ressentons envers certains êtres humains.
     
    Le manque de respect envers quelqu’un quel qu’il soit ne peut que susciter l’indignation, le sentiment de l’inacceptable. Le respect est donc un devoir : respecter tous les êtres humains, y compris ceux que leurs actes rendent indignes même le pire criminel est un impératif catégorique. Ce que nous devons respecter en eux c’est « la valeur universelle de l’humanité traitée comme une fin et jamais comme un moyen » (Kant) incarnée dans leur être.
     
    Par contre, si tout homme doit formellement être respecté, on peut avoir le sentiment qu’il n’est pas respectable au regard de nos convictions et de notre propre morale.
     
    Ainsi, dans le cas qui nous occupe, il me semble qu’il faut donc distinguer :
    ·      D’une part le rôle de l’avocat général qui doit réclamer l’application de la loi et de veiller aux intérêts généraux de la société. De ce fait, il n’est censé que faire appliquer la loi, sans autre forme de procès.
    ·      D’autre, les propos tenus lors du réquisitoire dont certains termes peuvent effectivement être ressenti comme un jugement par rapport à sa propre vision de la nature humaine.
    ·      Enfin, le fait que tout homme, quels que soient les actes qu’il a pu commettre, doit être respecter comme tel

    • Bonjour Christian,

      Je te remercie de ta contribution et de ton point de vue. Pour moi, la notion de respect tient lieu du jugement personnel et à ce titre ne peut être utilisé.

      Le respect, c’est ce que l’on invoque quand on fait appel à la morale. L’avocate générale invoque ici le courroux et les nécessaires sacrifices que M. Meilhon va devoir consentir pour redevenir un homme, ce qui est ni plus ni moins que le processus du baptême. La religion est invoquée pour juger un homme de ses actes.

      Il a commis un crime, qui n’est pas accepté par la communauté, a ce titre il transgresse une règle définit et est donc puni. Le considérer comme un sous-homme n’a de sens que si la peur et le dégoût qu’il suscite sont tels que pour se sentir en sécurité et sanctuariser le comportement humain il faille l’ôter de l’humanité et lui imposer un sacrifice peut être suffisant pour réintégrer l’humanité.

      Invoquer les faits pour obtenir une condamnation est différent d’invoquer la peur d’un jugement sur-humain capable de retirer l’humanité à un être humain.

      L’entremelement de la religion et de la justice ne peut qu’être néfaste à l’humanité, la laïcité religieuse est un acquis qui a permis de baser la justice sur des faits, l’obscurantisme ne saurait reprendre une place que la raison lui a ôté… Vive la justice, vive la mediation professionnelle…

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