Médiation professionnelle antidote aux RPS et QVT, à Préventica Lyon

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En tant que partenaire de Préventica, nous avions une conférence le 24 septembre à Lyon. Le thème était : la médiation professionnelle, un antidote aux risques psychosociaux. Le sujet aurait très bien pu ne pas être rassembleur tant les RPS et QVT apportent des moyens à de nombreuses structures gravitant dans le monde de l’entreprise. Le marché va très bien. Mais l’insatisfaction des clients commencent à se faire entendre. Y aurait-il un ras-le-bol d’être pris un peu partout pour des pigeons ? Hé bien, ce que le public a regretté, c’est que ce ne soit pas plus long. 45 minutes. Salle comble. L’ambiance était au rappel. Plus de 100 personnes. Tout autour, des personnes debout. Comme à Lille, la sécurité a dû empêcher des personnes d’entrer. Un public attentif à la démonstration très illustrée que la médiation professionnelle est bel et bien un antidote aux « risques psychosociaux » (RPS) et aux études visant la « qualité de vie au travail » (QVT).

Par rapport à la conférence de Lille, de nouvelles situations ont été présentées. Des clients de médiateurs professionnels ont fait le chemin entre des cabinets de RPS et des médiateurs professionnels (CPMN). Les différences ne se sont pas arrêtées au constat du résultat. En recourant à la médiation professionnelle, les clients ont apprécié la manière de conduire l’action, de faire vivre l’intervention des professionnels, et de façon non négligeable le coût financier. D’évidence, les conceptions ne sont pas les mêmes. Du tout.

Imaginez, vous avez affaire à un professionnel qui pense que les humains sont potentiellement des pervers narcissiques ou qu’une organisation peut être pathogène. Que va-t-il chercher à trouver voire à prouver ? Certainement pas que votre entreprise ne peut pas être concernée par ce phénomène de foire ou cette épouvantable pathologie organisationnelle. Imaginez maintenant que vous ayez affaire à un professionnel qui ne prenne pas le lieu de travail pour un champ expérimental de ses élucubrations à la mode, mais comme un environnement humain présentant des potentiels d’amélioration, de perfectionnement. Le paradigme n’est pas le même.

D’un côté, un monde bien théâtralisé par Jules Romain, avec le docteur Knock, de l’autre, l’accompagnement de projet outillé de manière pragmatique et pédagogique pour d’éventuelles sorties d’ornière.

http://youtu.be/5v2zf4a-EEs

Pour les médiateurs professionnels, la conception de la personne ne repose pas sur la méfiance. Ils ont adopté comme postulat que le ciment social n’est pas fondé sur une relation d’adversité, mais sur une relation d’altérité. Pour eux, l’humain n’est pas un prédateur nocif par nature. La conception « l’homme est un loup pour l’homme » est entretenue par un discours lié à une vision de l’ordre moral combiné à une psychologie commerciale.

La proposition des médiateurs professionnels est que le monde de l’entreprise s’affranchisse de ces représentations style « attention vous avez probablement un pervers narcissique dans votre entourage, il faut le détecter avant qu’il fasse des ravages ». Il ne doit plus se faire envahir par ces idées inquisitoriales stigmatisant les organisations qui seraient vérolées, en mettant à l’index une direction parfois abasourdie par des « révélations » dignes de la plus absurde fiction : « vous devez savoir si votre entreprise est pathogène (et vlan sur la direction !). Mettez en place un comité de pilotage qui supervisera la mise en place d’une cellule téléphonique de veille pour suivre les éventuelles rumeurs ».
Pour les médiateurs professionnels, le postulat est celui de la maladresse, de l’ignorance, de la démarche d’apprentissage et de formation tout au long de la vie, surtout en matière de relation, de comportements, d’interaction communicationnelle. C’est un process plus léger qui est proposé aux entreprises. D’abord, si vous voulez que les relations soient agréables, commencez par considérer que chacun fait ce qu’il peut. C’est un conseil de médiateur professionnel : pour qu’une organisation fonctionne, les personnes qui y contribuent doivent se sentir reconnues et cette reconnaissance passe par des énonciations simples, vraies, sans fard ni sous-entendu. Ensuite, la médiation professionnelle peut être internalisée ou externalisée, c’est un choix d’entreprise qui peut être fait selon l’opportunité des compétences disponibles, ou une stratégie plus générale.

Ont été présentés lors de cette conférence cinq exemples de process de médiation internalisée, avec des médiateurs professionnels salariés formés à l’EPMN : deux concernant des entreprises de plus de 2500 salariés, une avec 750 salariés, une autre avec 50 salariés et un service public avec 143000 salariés. Plusieurs secteurs d’activité ont été illustrés : media, administration, industrie, transport et formation.

Des exemples d’intervention de médiateurs professionnels externes ont également montré l’intérêt de cette approche de promotion de la qualité relationnelle.

Cette fois, les intervenants étaient Maître Agnès Tavel, avocate, auteur du Code de la médiation, Benjamin Pinchinot, médiateur professionnel interne à Interfora, Jean-Pierre Gimenez, médiateur professionnel et coach, dirigeant d’Excelia et moi-même.

Le prochain rendez-vous est à la Bibliothèque Nationale de France, à Paris, pour le Symposium de la médiation professionnelle, les jeudi 17 et vendredi 18 octobre. Tout public, le vendredi.

13 Commentaires

  1. Bonjour,
    Si la psychologie est une science, alors elle est bien neuve et jeune en rapport à ce qui fonde la médiation professionnelle, cet art de réfléchir et de faire réfléchir l’autre en l’accompagnant, tel que le pratiquait Socrate, responsabilisant ses interlocuteurs en les mettant face à leurs contradictions, sans autoritarisme, moralisation, rappel à la loi ou classifications nosographiques… Je sors de deux jours d’intervention en entreprise pour un souci de harcèlement entre un chef de service et un employé délégué syndical. L’entreprise est bloquée, suite aux deux clans nés des alliances qui découle des parti pris, notamment syndical. 16 heures pour mettre un terme à un malaise relationnel qui s’était gangrainé sur dix ans, avec un protocole d’accord et des engagements de part et d’autre, responsabilisant les parties sur des comportements, des principes de qualité relationnelle enfin identifiés comme étant  à fort potentiel conflictuel et à éviter. La situation s’est largement débloquée, ce qui ne veut pas dire qu’elle sera définitivement résolue pour autant, nécessitant un suivi, une formation à l’altérocentrage, au moins pour les agents de maîtrise etc… Tout cela pour vous dire que la médiation professionnelle ne plaisante pas lorsqu’elle fait sa promotion, au regard de celle de l’altérité, en se positionnant fermement contre tout postulat enfermant la personne dans un carcan, qu’il soit religieux, juridique, ou psychologique.

  2. * la liste est longue des mesures faussement coercitives pour protéger les gens contre des risques dus à leur imprudence, leur inconséquence, leur négligence ou leur incompétence. Et leur ignorance !
    Alors oui la médiation obligatoire parce que les gens ne savent pas comment se sortir d’un conflit qui dure pendant des années. Même qu’ils vont voir des juges, font appel, cassation, changent d’avocat, trouvent d’autres prétextes. Avec la médiation s’il y a obligation c’est a l’entrée pas à la sortie, le contraire de l’accès à la justice. C’est un dispositif de liberté tandis que la justice civile reste un héritage autoritaire.
    Somme toute, ne faites pas dans le conservatisme au risque d encore plus décrédibiliser un discours sur la psychosociologie déjà équivoque. C’est certainement cette alliance entre psychologie et sociologie qui detourne l’une de son sujet et l’autre de son objet  Cest une mauvaise recette qui n’a pas d’autre but que de faire ce que vous semblez tant critiquer : du business. 

  3. Oui cet article présente une situation connue et critiquée dans bien des endroits. Les gros cabinets ont fait péter les budgets. On le sait et si on peut dire qq chose de cet article c’est qu’il met noir sur blanc ce qui se dit. La nouveauté est juste la mise par écrit.  Cela vaut il menaces et cris 

  4. Oui ça c’est sûr c’est très clair sur ce nouveau business!
    « Qu’ils retournent dans le domaine familial », cette phrase prouve bien que vous ne savez pas ce qu’est un psychologue du travail!  Vous ne faites pas la distinction entre un clinicien et un psy du travail!
    Et si la psychologie est une science!! Vous avez parlé d’amateurisme?…

  5. Au contraire c’est un article clair sur la réalité que beaucoup ne veulent pas dire parce qu’il existe cette agressivité latente et sectaire de la part d’un certains nombres de psychologues et de sociologues. Heureusement quelques uns s’en tirent. Mais ca ne rachète pas l’ensemble ! La plupart du temps les débats sont stérilisés par des interventions dune incroyable susceptibilité. .. névrotique. 
    Ici les choses sont posées : deux manières d’aborder un même sujet.  On n’a pas besoin de psychologue dans les entreprises. Qu’ils retournent dans le domaine familial. Si ca continue on aura des représentants de tous les courants idéologiques au nom de la liberté de croyance.  La psychologie n’est pas une science et ceux qui sont intervenus ci dessus ont bien démontré l’amateurisme de leur approche. 

  6. la médiation professionnelle intervient sur la qualité des relations, le champs d’application spécifique implique des professionnels formés qui promeuvent leur expertise à des fins tout autant sociales que personnelle. Vivre, chacun se soumet à ces contingences, libre, chacun peut faire le choix de la médiation professionnelle, mais pour que ce choix soit libre, il faut que l’alternative soit connue, et en la matière l’autre alternative (l’adversité) est largement plus connue, et utilisée, transformant en esclave ceux qui, contraints, ne voient pas d’autre possibilité… Le changement de paradigme est difficile, l’argumentation démontrant la non pertinence des propos : absente

  7. Bonjour,
    L’article que vous proposez à la lecteur semble être un plébiscite pour la médiation. Comment pourrait-il en être autrement dans une démarche commerciale poussée où tous les argumentaires sont bons pour multiplier les interventions (payantes?) et les inscriptions à l’école du rédacteur de cet article (aussi payante++).
    Bien sûr, il faut vivre… et les démarches philanthropiques n’existent plus. Cependant, je remarque que cet article, en tenant de faire la promotion de la médiation au travers de la mise en opposition des apports de différents points de vue que l’on peut rencontrer dans les entreprises, desserre le besoin de crédibilité de la médiation. Bien que n’y connaissant rien en médiation, il me semble que critiquer aussi vertement la psychologie des organisations, du travail, l’ergonomie, le management et autres disciplines en se posant comme le détenteur d’un savoir unique, n’est pas très… médiatisant.
    Sortie de son rôle de propagande, cet article, de mon point de vue, semble dénué de tout intérêt… dommage

  8. Comme consultant en RPS, c’est exactement l’objectif que je recherche dans l’écoute et les préconisations face à une violence dans l’entreprise: la médiation. Et non pas stigmatiser des personnes contre d’autres. La qualification donnée par certains de « pervers narcissiques » à certains hiérarchiques dans le cas de harcèlement par exemple est combattue par les psychologues précisément.
    Par conséquent la distinction faite dans l’article entre psy et médiateur est surprenante.

    • Mr Moulay, non seulement l’article est surprenant, mais ces chasseurs en meute (EPMN, CPMN, médiatoroscope ici…) piétinent le travail des psychologues tout en entraînant la médiation – la VRAIE – dans le caniveau.
      Affublée du vocable « professionnel », ils associent médiation à négociation ce qui est une escroquerie.
      Un médiateur n’a rien à vendre. Eux si ! La promotion de la qualité relationnelle… sic
      Sans parler du « coach » qui amalgame accompagnement et entraînement : deux métiers aux compétences opposées : accompagner demande la plus grande distance, tandis qu’entraîner nécessite l’expertise du domaine.
      Organisons-nous pour faire tomber ces « guignols » du piédestal sur lequel ils n’auraient jamais dû monter.
      Ils sont dangereux car ils ont donné TOUS les moyens à leur « boutique » nationale : communication vidéo, photos, internet… Et ils surfent sur le désarroi des entrepreneurs à aborder des sujets sensibles hors de leurs métiers et compétences.

  9. Tout à fait d’accord avec Monnier. Ils n’ont rien compris aux psychologues du travail. 
    Que propose l’école EPMN? Elle propose, d’une manière générale, la même chose qu’un psychologue du travail en entreprise avec les compétences psy en moins. On rêve!! 
    Si les psychologues du travail étaient intégrés aux entreprises de manière permanente,notamment dans les services RH,  les RPS seraient certainement moins développés dans les entreprises. Leur rôle est avant tout de la prévention primaire et non du bricolage avec de la prévention secondaire ou tertiaire.

  10. Article stigmatisant bien le rôle des psychologues ! C’est une vision bien méconnue et réductrice d’une profession qui à la base, contrairement à ce qui est énoncé, ne travaille pas en supposant d’emblée la méfiance mais au contraire la bienveillance et la neutralité.
    Je crois que notre objectif est bien le même, à savoir l’émergence des potentiels d’amélioration dont chacun est capable dans une organisation où chaque individu a sa place. Ne tirons pas sur l’ambulance et travaillons plutôt de concert.

    • FZannier, vous avez raison sur les psys caricaturés de manière indigne ici.
      Si par #médiation vous entendez celle qui est présentée ici, je vous suis également.
      Je me dois toutefois de vous informer que, justement parce qu’à l’heure actuelle la médiation n’est pas enseignée comme un savoir fondamental, il faut s’en occuper sérieusement.

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