La Médiation Professionnelle et le lâcher prise

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En quoi la Médiation Professionnelle diffère-t-elle des autres courants de médiation : quelle est sa méthode relativement aux émotions, quelle est son efficacité ?

Les médiateurs professionnels sont formés pour résoudre tous conflits, entre personnes, dans les rapports relevant de la sphère privée ou professionnel. Une relation s’inscrit aussi dans un projet.

Ainsi, la médiation professionnelle est plus orientée vers une entente pour un projet relationnel que vers la conclusion d’un accord. La posture du tiers est déterminante.

Le médiateur professionnel est indépendant, neutre (par rapport à la solution) et impartial (par rapport aux parties). Il garantit la confidentialité des échanges et agit selon un processus structuré (entretiens individuels préalables à toute réunion).

Le médiateur professionnel travail sur la résolution du conflit, en termes pérennes : reprise de la relation, aménagement de la relation (on prend quelque chose, on enlève quelque chose) ou rupture consensuelle. La domination, la résignation, où l’abandon provisoire des poursuites, seront écartées comme des solutions non pérennes.

Le médiateur professionnel, pour le traitement des conflits, constate qu’il existe trois composantes d’une relation dégradée :

  • Emotionnelle, Technique et Juridique.

Sachant que c’est l’émotionnel qui fait le conflit il traitera cet aspect en premier. Le Technique et le juridique se règleront ensuite plus facilement.

La relation commence par la relation à soi-même.

Nous recherchons :

  • Satisfaction, Harmonie et Equilibre, de nos besoins relationnels,

en fonction de :

  • nos propres croyances, certitudes, convictions,

et de nos regrets :

  • rancœurs, remords, rancune.

Dans la relation à l’autre, les personnes reçoivent, traitent, expriment l’information différemment, n’ont pas conscience de l’impact de leurs émotions dans leurs relations.

Le médiateur professionnel saura mettre en évidence et prendre en compte les différentes stratégies mise en place par chacun pour communiquer en diversifiant lui-même son langage. Il pourra s’appuyer sur une étude S.I.C. de la personne et de ses dynamiques relationnelles.

La Qualité relationnelle s’apprend, car l’expérience ne suffit pas. Le médiateur a développé un véritable savoir faire pour aider les personnes : à prendre conscience de ce qui limite leur imagination et qui leur permettrait de faire autrement, à décider d’elle-même.

J’aime à dire que le médiateur professionnel est un artisan de la reconnaissance.

Il adressera à chaque personne de la reconnaissance pour lui permettre de sortir de l’émotion. Cela ne veut pas dire « qu’il adhérera à leur point de vue » car il n’est pas dans le jugement, cela signifie qu’il reconnaîtra, accueillera la légitimité de leur point de vue, de leur intention de leur action, avec comme limite possible de la personne, son ignorance, la confusion identitaire (c’est-à-dire par exemple avoir tendance à traiter par principe, sans en avoir conscience peut-être, toute une catégorie de personnes de la même façon, ses enfants où cette personne qui ressemble à une autre.)

Le médiateur professionnel tout en reconnaissant leur légitimité, aide les personnes à lâcher prise, à ne pas contraindre l’autre à penser, agir, ressentir comme lui, notamment :

  • En leur garantissant une liberté de paroles,
  • au moyen de métaphores,
  • en les aidant à réfléchir de façon apaisée,
  • en les guidant dans leur réflexion,
  • et, ultime étape en leur apprenant à ne pas donner prise.

Le médiateur professionnel veillera à ce que les échanges reposent sur des faits, des conséquences, des ressentis.

Et finalement, il est fort de constater que plus la parole se libère, plus la confiance se développe et plus la confiance se développe, plus la parole se libère, de façon exponentielle.

Exemple de métaphore

La capture des singes en Indonésie

On met une orange dans une grosse citrouille,

Le singe y glisse sa main, prend le fruit

Mais n’arrive plus à ressortir sa main

Comme il ne veut pas lâcher le fruit,

il reste là coincé, et on le capture.

Photo from Philipp Brady